Bruno Piriou : « N’attendons pas pour redonner du souffle à notre démocratie »
En pleine crise démocratique, la commune de Corbeil-Essonnes (Essonne) a organisé, samedi, une journée sur cette question brûlante. Dans la ville longtemps dirigée par le clan Dassault, ces Rencontres des territoires qui réinventent la démocratie ont mis en lumière une série de solutions que nous expose le maire Bruno Piriou.
Qu’est-ce qui a motivé l’organisation de ces rencontre ?
Pour comprendre l’origine de cette initiative, prise il y a un an, il
faut remonter un peu en arrière. Il y a dix ans, nous avons créé une
association citoyenne baptisée le Printemps de Corbeil. L’idée était de
conquérir le pouvoir et de prendre la mairie. Ce qu’on a réussi à faire
en 2020. Immédiatement, nous avons voulu faire de la politique
autrement. Gérer une mairie demande du temps, mais il ne faut pas perdre
notre esprit militant. Je suis convaincu qu’il existe dans notre pays
un foisonnement démocratique qu’on ne voit pas et qu’on n’entend pas.
L’une des pistes pour élargir le spectre de la gauche est de permettre à
celles et ceux qui agissent au quotidien, sur nos territoires et dans
nos entreprises, de se rencontrer le temps d’une journée pour partager
leurs expériences de démocratie. Il faut remonter à plusieurs décennies
dans l’histoire de notre ville pour trouver la trace d’une telle
rencontre, qui a tenu ses promesses.
En pleine bataille des retraites, et au lendemain de la validation de l’essentiel de la loi par le Conseil constitutionnel, ces débats tombent-ils à point nommé ?
Effectivement, ces rencontres ont commencé quelques minutes après avoir appris que la réforme était promulguée par Emmanuel Macron. Il y a un mépris démocratique incroyable de sa part. À l’inverse, le mouvement social est, depuis janvier, un extraordinaire moment démocratique. Il se passe des choses actuellement, la France ne sera pas la même à l’issue de la mobilisation. Il y a un appétit démocratique.
Quelles solutions préconisez-vous pour redonner du souffle à la démocratie à l’échelle locale ?
Il y en a des milliers. Actuellement, nous organisons le plus de réunions publiques possible pour donner la parole aux habitants. Pas question d’attendre les prochaines élections pour ça. Nous voulons faire en sorte que les politiques culturelles, sportives ou de santé soient élaborées avec les acteurs concernés. Ça ne se fait jamais. Osons aussi les référendums locaux ! Développons l’éducation populaire et aidons les gens à devenir citoyens. On dit souvent que la ville appartient aux habitants. Est-ce vraiment le cas ? Non. Y compris à Corbeil-Essonnes.
Quelles suites allez-vous donner à cette journée ?
N’attendons pas le grand soir électoral pour redonner du souffle à notre démocratie. Il y a des choses à faire tout de suite. Nous allons nous étendre à d’autres réseaux existants et participer à des initiatives partout en France pour mettre en commun nos expériences de démocratie.