mercredi 6 décembre 2017

Le plateau de Saclay Terre de culture ou urbanisation à marche forcée ?



Il est permis de s’interroger sur les conséquences des grands projets d’urbanisation décidés par l’Etat sur le plateau de Saclay et sur les conséquences pour notre commune. Le plateau de Saclay est au cœur d’enjeux contradictoires : devenir le support du développement économique de la région ou préserver la richesse se sa terre pour une agriculture durable. Martine Debiesse défend la richesse agricole de ce territoire dans un livre : « Terres précieuses ».



Une urbanisation 
25 octobre dernier, le Président de la République a inauguré
à grands renforts de publicité l’Institut de mathématique à Orsay, l’école Centrale Supélec à Gif sur Yvette et a visité les laboratoires de l’Ecole Polytechnique à Palaiseau. Il a consacré ainsi un pôle scientifique majeur, regroupant la fine fleur de la recherche qui va largement irriguer le territoire en autant de bassins de vie et d’emploi. Le Plateau de Saclay va accueillir aussi dans les prochaines années un grand hôpital sur le site de Corbeville, hôpital qui met en péril l’avenir de l’hôpital de Longjumeau. Non loin de cette implantation,  si le projet est retenu définitivement, fin 2018, une Exposition Universelle s’y déroulera en 2025. Pour desservir les différents sites d’activité et pouvoir faire face aux migrations quotidiennes, la Société du Grand Paris projette d’y installer la ligne 18, opérant ainsi une liaison avec la ligne B du RER et l’aéroport d’Orly. Des projets de logements et d’équipements publics devraient naturellement suivre. Cette urbanisation  va manger des terres fertiles alors que l’on prône le relocalisation des ressources alimentaires. Elle va créer de nouveaux problèmes de circulation qui ne manqueront pas d’affecter notre commune. Et les promoteurs immobiliers ne manqueront pas de lorgner sur Saulx les Chartreux qui disposent encore de terres urbanisables si la mairie ne met pas un frein à cette frénésie.  

 Des terres réputées très fertiles.
Depuis plus de cinq siècles les terres exceptionnellement fertiles de ce Plateau ont produit les légumes, les fruits, les céréales, le lait, la viande pour les populations environnantes. L’agriculture péri urbaine est reconnue pour ses bienfaits en terme d’alimentation en circuit court, en terme de lutte contre la pollution, en terme d’accueil de la faune et   en terme de lutte contre la spéculation foncière.
Un livre de témoignage
C’est tout le mérite du livre de Martine Debiesse, « Terres précieuses » que de se faire l’écho des voix d’agriculteurs et agricultrices installés depuis des années sur le plateau, quand celles ci n’y sont pas présentes depuis plusieurs générations.

Des acteurs locaux entreprenants
Le livre est constitué d’interview d’acteurs, hommes et femmes qui font aujourd’hui l’agriculture du Plateau de Saclay. Certains sont très connus comme la famille Dupré qui cultive la ferme de Viltain, connue largement pour ses cueillettes et ses vaches ou les pépinières Allavoine qui ont trouvé sur le plateau un refuge suite à leur expropriation de leur implantation historique à Jouy en Josas, terres sacrifiées pour faire passer l’A86.

On découvre aussi le parcours de la famille Vandame, un céréalier traditionnel qui se convertit en blé bio, moud sa farine, installe un fournil à Villiers le Bâcle et vend son pain grâce à une AMAP.
L’histoire de Charles Monville à Favreuse, qui, ancien directeur de Natures et découvertes opère une reconversion professionnelle en devenant agriculteur et producteur de poulets bio, est très révélatrice d’une génération qui prend conscience des enjeux d’une alimentation saine et de qualité.

Marie-Thérèse et Elisabeth Nicolardot racontent comment elles ont transformé une exploitation céréalière en une pension pour chevaux.

Et puis, il y a aussi la démarche de celles et ceux qui se sont regroupés pour être plus efficaces au sein d’associations comme la SCI Terres fertiles, et Terres et cités. Évidemment, le mouvement des AMAP est bien représenté comme les jardins de Cérès.

Mais le témoignage le plus touchant dans ce livre est sans doute celui de Sœur Josepha, de l’Abbaye bénédictine Saint Louis du Temple de Limon. L’abbaye comptait en 1958, 80 sœurs, aujourd’hui elles ne sont plus que 26, et la moyenne d’âge est élevée. L’exploitation était importante et diversifiée. Depuis 2012, ce sont les Jardins de Cocagne, entreprise de réinsertion qui a repris en location les terres de l’Abbaye, et construit des serres. L’activité doit pouvoir fournir un

panier de légumes hebdomadaire à 250 familles.

Le mérite du livre de Martine Debiesse est de laisser chacun s’exprimer avec ses propres mots, pour des récits de vie émouvants. Cette qualité, l’auteur écrivain biographe, comme elle le revendique, est de parler pour ces hommes et ces femmes, mais pas à leur place.

Le livre n’est pas facile à acheter. On peut le trouver dans les lieux cités plus haut et dans certains commerces militants. Il n’est pas cher ( 12,50 euros).
DEBIESSE Martine. Terres précieuses 2015
 On peut aussi se procurer le livre dans les librairies de Gif sur Yvette, Palaiseau ou sur le site
https://terresprecieuses.jimdo.com/le-trouver


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.