mercredi 1 juillet 2015

Coup de chaud ! Coup de blues !


La canicule ravive nos souvenirs de jeunesse. Les bornes-fontaines, sources de fraîcheur, nous sont revenues en mémoire. Elles étaient centenaires. Il y en avait douze réparties sur le territoire. A Saulx, on disait couramment qu’il y avait autant de fontaines que de cafés ou l’inverse. Dans la grande rue, les soirs d’été, on se retrouvait autour de ces petites fontaines publiques.  Les jeunes, les moins jeunes, pêle-mêle, on s’arrosait, on chahutait … Les « mobs » pétaradaient jusqu’à pas d’heure. Les pauvres riverains qui travaillaient le lendemain appréciaient… On se faisait insulter mais ça ne nous dérangeait pas puisqu’on braillait plus fort qu’eux.  Au fond on était les « racailles » de l’époque.  Nous n’avions pas de télé ; on ne partait pas en vacances, quelques-uns peut-être mais si peu. Pas besoin ! L’été, notre terrain de jeux c’était Saulx, tout Saulx. L’Yvette, les ruisseaux, les trous d’eau, les lavoirs, les prés, les glaises, les bois, les champs de tomates, les vergers, la sablière, les cabanes de jardins ou de cantonniers, les dépotoirs, les ruelles… Tout le territoire était à nous. On traînait partout.
Revenons  aux bornes-fontaines : elles ont toutes été démontées dans les années 50/60 quand la gestion de l’eau a été confiée à une compagnie spécialisée. A l’époque, tout le monde n’avait pas « l’eau sur l’évier ».  Supprimer les fontaines publiques faisait partie du contrat de modernisation du réseau avec ladite compagnie pour inciter les propriétaires à faire installer l’eau dans les habitations. Du moins c’est ce que racontaient nos parents ? Toutes les familles modestes logées dans les maisons sans confort se ravitaillaient aux fontaines de la rue. Du matin au soir les femmes entraient et sortaient des cours avec seaux et brocs au bout des bras. En revanche, les gens plus aisés avaient déjà l’eau courante. Mais, par temps d’orages, riches et moins riches devaient se contenter d’une eau saumâtre. Qu’elle arrive aux robinets ou aux fontaines, Le Rocher nous l’envoyait chargée de sable et couleur de boue. D’où le choix à l’époque de concéder à une compagnie spécialisée la gestion et la distribution de l’eau.
La disparition des bornes-fontaines n’a pas ému trop de monde mais elle a modifié l’ambiance des quartiers. Mine de rien c’était un point de rencontres. Les femmes séjournaient autour d’elles pour papoter.  A la sortie de l’école, les gamins se ruaient dessus pour s’asperger et se castagner.
Trêve de nostalgie… Une pensée pour nos mères et les corvées d’eau. L’hiver les fontaines gelaient. Il fallait un temps fou pour remplir le premier seau. Chacune arrivait avec sa bouilloire et quand c’était trop compliqué, trop dur, elles allaient chercher les hommes. Il fallait démonter des pièces…
Pour nous, lot de consolation : ils nous avaient laissé la Grande Fontaine.  Elle a joué un rôle important  jusque dans les années 80/90. Il y avait une sacrée ambiance autour d’elle jusqu’au jour où le robinet d’alimentation a été fermé. On nous a dit que les conduites étaient trop vétustes, toutes percées, ce qui provoquait des inondations dans les caves des riverains. La restauration ? Financièrement trop lourde ! Dernièrement, nous avons vu son abreuvoir outragé … transformé en jardinière …
Faisons un rêve ! Imaginons qu’un jour une âme sensible à Saulx considère que le patrimoine rural est digne d’intérêt ; qu’il raconte le vécu et le labeur de générations de petites gens ; qu’il ne faut pas le laisser se détériorer ; qu’il faut le réparer ; qu’il est fragile et  qu’il faut le préserver. Et si ce n’était pas qu’un rêve ?
Les papys-boomers

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